mercredi 16 octobre 2013

Désordre national, solutions locales ?

Si l'on est un peu dépressif, mieux vaut se passer des actualités (hors Gorafi). Le climat (économique et social, bien entendu) est orageux, et dans ce genre de période difficile, l'Histoire nous apprend que l'on gagne à proposer des réponses simples à des problèmes compliqués. Il serait salutaire de lancer un grand projet de société pour notre pays, mais rien ne semble émerger durablement à l'horizon. Alors que faire ?

Je ne prétendrai pas avoir la réponse à cette question existentielle, mais si les moyens d'actions à échelle nationale demeurent inaccessibles, ce n'est pas le cas à échelle locale. Profitant du fait que les élus des prochaines élections municipales subiront très probablement les conséquences du pic de production pétrolier (conventionnel et non-conventionnel), j'ose espérer qu'ils se saisiront fermement du dossier pour engager une transition énergétique digne de ce nom. 

Voici donc le courrier que j'ai envoyé à quelques élus de ma municipalité, vous êtes libres d'en faire ce que vous jugerez bon. La liste de proposition (que je mettrai régulièrement à jour ici) semble avoir suscité leur intérêt :

Bonjour,

J'ai reçu récemment un tract de la part de certains conseillers municipaux, visant à faire connaître leur ressenti concernant la manière dont la ville est actuellement organisée. Je profite de l'occasion pour m'exprimer, et vous faire part de ma préoccupation concernant certaines contraintes à court-terme.

Nous entrons dans une ère de rareté des ressources, à commencer par les hydrocarbures, mais suivies de très près par les différents métaux, le phosphate (pour les engrais), mais aussi de l'eau. L'unité de temps représentative de ces changements est la dizaine d'année, voire l'année. Ainsi, nous vivrons cette mutation, et la rigidité de notre mode de vie (infrastructures et habitudes) ne nous permettra vraisemblablement pas de la choisir mais plutôt de la subir, avec tous les désagréments sociaux et économiques qui vont avec.

Les derniers gouvernements, qu'ils soient de droite ou de gauche, n'ont jamais pris ce problème à bras le corps quoi qu'ils en disent, alors qu'il est transversal et primordial (vous pouvez toujours chercher une activité humaine dont la productivité n'est pas dérivée de la consommation d'énergie). Quand une taxe carbone exempte les entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre, que la construction d'un aéroport grand-ouest est prévue pour une mise en fonctionnement post-pic pétrolier, ou qu'une centrale nucléaire qui ne fait pas partie des plus à risques est mise à l'arrêt en raison d'accords politiques, il ne me semble pas qu'une politique environnementale ambitieuse émergera à échelle nationale. Et ce ne sont pas les récentes conclusions du débat sur la transition énergétique qui y changeront quelque chose.

C'est pourquoi j'espère que le renouveau viendra du local. Il y a autant d'essais possibles que d'entités territoriales différentes. Chaque ville ou village peut innover, s'inspirer des réussites des collectivités voisines, ou tout de moins éviter d'en reproduire les erreurs. C'est une opportunité de développement pour chacune d'entre elles, et c'est pourquoi je souhaite à la ville dont je suis résident, d'y prendre part fermement.

Vous me direz qu'il est toujours facile de démolir le travail des autres, c'est pourquoi je me permets d'énoncer quelques propositions que j'espère constructives, par secteur d'activité :
  • Bâtiment (45 % de la consommation d'énergie en France en 2012) : Réduction de la consommation
    • Communiquer sur le besoin d'isolation lourde des bâtiments, résidentiels comme tertiaires.
    • Envisager un système d'achat groupé de prestation de rénovation de résidentiel privé pour diminuer le coût unitaire de la rénovation et motiver les propriétaires.
    • Limiter les comportements commerçants suivants :
      • Éclairage extérieur lorsque le commerce est fermé.
      • Portes ouvertes sur l'extérieur lorsqu'usage de climatisation ou de chauffage.
  • Mobilité (30% de la consommation d'énergie en France en 2012) : Développer les alternatives
    • Vélo
      • Mise en place de « tourne-à-droite » (Nantes et Bordeaux).
      • Autorisation systématique de prendre les sens interdits (Fontainebleau).
      • Développer les infrastructures routes et stationnement (Strasbourg).
      • Fournir une machine bicycode au commissariat pour lutter contre les vols et le recel.
      • De manière générale, s'inspirer du plan national vélo.
    • Train
      • Intégrer de services collectif (crèche, commerces, cabinet médicaux...) à proximité immédiate de la gare. (Crèche à Roanne)
    • Bus et tramway
      • Envisager des systèmes de facturation plus souples (billets 24h, 48h, pour 2 personnes, 5 personnes,...) voire passer au tout-gratuit (Aubagne)
    • Voiture
      • Passer la ville à 30 km/h dans les zones résidentielles (Un peu partout).
      • Synchronisation des feux pour fluidifier le trafic (Pau), et surtout indication de la vitesse optimale de déplacement.
      • Comptes à rebours pour les feux, pour les arrêts manuels de moteur. (Version chantier)
      • Péage urbain (Londres)
      • Fermeture progressive de certaines rues à la circulation, sauf riverains (Un peu partout)
  • Déchets : Aborder l'économie circulaire
  • Produits manufacturés : Minimiser la consommation
    • Sensibiliser le grand public aux solutions de logiciels libres pour donner une seconde vie à leurs outils informatiques (Munich
  • Alimentation : Consommer local
    • Mettre en place une AMAP municipale. (Villeurbanne)
    • Mettre en place des poulaillers collectifs. (Mandagout)
    • Développer une agriculture urbaine (Détroit).
    • Utiliser une monnaie locale (Le SOL)
Ce ne sont que des propositions, dont les délais et coûts de mise en œuvre sont très divers, mais je pense qu'il est bon d'en prendre connaissance. Je me tiens donc à votre disposition si vous souhaitez en discuter dans un avenir pas trop lointain (eh oui, le temps presse!). 

Bien cordialement,


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